Ligne Maginot 

 

Les points d'appui de la Forêt de Haguenau #1Reprise modifiée et complétée d'un article paru dans Fortifications et Patrimoine, n° 10, avril 1999.

 

 

 

Sommaire


 

 

  

On a souvent déploré le manque de profondeur de la Ligne Maginot, parfois limitée à la seule ligne des ouvrages CORF #2Commission d'Organisation des Régions Fortifiées, organe ayant construit la Ligne Maginot proprement dite de 1927 à 1935 (1938 dans certains secteurs).. Dans certains secteurs toutefois on a bien essayé de lui donner cette profondeur qui lui manquait mais hélas un peu tardivement. Dans le nord de l'Alsace par exemple depuis la frontière jusqu'à l'arrière on pouvait remarquer ces dispositifs linéaires successifs, de part et d'autre de la ligne principale de résistance, soit :

  • sur la frontière même, les maisons-fortes ou sonnettes d'alerte en cas de franchissement de la frontière par l'ennemi,
  • à quelques kilomètres de la frontière, la ligne des avant-postes, des petits blockhaus pouvant livrer une première résistance,
  • à une dizaine de kilomètres de la frontière, la ligne des casemates et ouvrages d'infanterie et des ouvrages principaux d'artillerie constituant la Ligne Maginot proprement dite, désignée ligne principale de résistance,
  • à une quinzaine de kilomètres, une ligne de casemates d'infanterie construites en 1939-1940 et restées inachevées,
  • à l'arrière, les dépôts du Génie et de munitions.

Dans le sud de l'Alsace on trouvait ce dispositif :

  • sur la berge du Rhin, les blockhaus d'alerte anti-franchissement du fleuve,
  • une ligne intermédiaire de résistance,
  • la ligne dite de la Falaise, des blockhaus légers de résistance,
  • la ligne principale de résistance, une ligne de casemates d'artillerie et d'infanterie.

Des ébauches identiques se retrouvent dans les secteurs de Marville, Montmédy et Ardennes.

 


Une Ligne Maginot bis

A partir de 1935-36, au terme de la période CORF durant laquelle vient d'être réalisé l'essentiel de la Ligne Maginot, latitude est laissée aux Régions militaires qui ont ordre de compléter l'organisation du terrain dans la mesure des moyens dont elles disposent. On sait que la période qui va de 1936 à 1940 sera l'ère des " petits bétons " par opposition aux grands ouvrages souterrains et aux casemates lourdes du type CORF construits entre 1930 et 1936.

De la mer du Nord à la Suisse vont alors émerger du sol, dans les intervalles et les arrières des ouvrages CORF mais aussi dans les secteurs dépourvus d'ouvrages CORF, des milliers de blocs de tous types, plus variés les uns que les autres, mais sans commune mesure avec la fortification CORF. Leur valeur défensive était dans l'ensemble, sinon quasi nulle, du moins de loin bien inférieure à celle des ouvrages CORF. Cette " fortification de campagne durable " avait en fait tenté de compléter les plans de feux des ouvrages CORF mais sans véritable coordination entre l'une et les autres.

L'intérêt aujourd'hui pour le chercheur ou plus simplement l'amateur de fortification Maginot qui va se pencher sur cette multitude de constructions est d'abord de les redécouvrir car elles sont bien dispersées dans la nature, ensuite d'en définir la typologie, l'armement, l'équipement et la mission. Bien entendu les modifications du paysage depuis 1940 ne facilitent pas ces recherches. En outre, certains blocs ayant été coulés à quelques semaines de la fin de campagne de 1939-40, rares sont les cartes d'archives qui peuvent être considérées comme étant vraiment complètes et fiables. Enfin, bon nombre de ces blocs, devenus gênants pour une raison ou une autre, ont déjà disparu.

Le secteur dont il sera question ici est un exemple caractéristique de ce type de fortification. Couvrant une grande partie du nord de l'Alsace, bien délimité géographiquement, il a été organisé en points d'appui, organisations défensives légères groupant chacune plusieurs petites constructions bétonnées. C'est ce secteur, la vaste forêt de Haguenau et ses annexes, que nous allons parcourir.

Genèse de la fortification de campagne durable

#3 À différencier de la fortification de campagne légère (improvisée) et surtout de la fortification permanente (ouvrages CORF, synonyme de fortification puissante).

A la fin de 1935, après huit années d'un travail intense, la CORF est au bout de son mandat et disparaît. L'ossature de la Ligne Maginot, entre Longuyon et le Rhin, est en voie d'achèvement. Les prolongements et les renforcements appelés les " nouveaux fronts " sont en construction et dans les Alpes, les chantiers, ralentis par les conditions de l'altitude, vont s'étendre jusqu'en 1940.

L'évolution des esprits et la réduction des crédits affectés à la fortification conduisent à l'abandon du principe d'une fortification puissante au profit de travaux de complément nombreux mais légers et surtout exécutés en grande partie par mesure d'économie par la M.O.M., la main-d'oeuvre militaire.

Tout en approuvant la poursuite et l'achèvement des travaux décidés par la CORF, le ministre de la Guerre, le général Maurin, et le chef d'Etat-Major général des Armées, le général Gamelin, jettent en 1935 les bases de cette fortification de campagne " en dur ".

En conséquence ils donnent l'ordre aux commandants des Régions militaires d'engager ces travaux qui vont débuter au printemps de 1935 et se dérouler jusqu'à la mobilisation de 1939 et même après. En fonction des attributions annuelles, très variables, des crédits, les Régions vont donc consteller la zone frontalière des Flandres à la frontière suisse de milliers de blockhaus de tous types et de toutes tailles.

Dans le seul Secteur fortifié de Haguenau, dans le nord de l'Alsace, qui représente environ 40 kilomètres de front, ce sont au moins 240 blocs et emplacements bétonnés qui sont coulés de 1935 à 1939, principalement en 1935, 1936 et 1937 #495 en 1935, 67 en 1936, 53 en 1937, 10 en 1938, 15 en 1939.. S'y ajouteront plus d'une centaine de blocs construits par la troupe après la mobilisation et pendant l'hiver 1939-40. Sans parler des blockhaus en rondins...

En plus de leurs dimensions et de leur solidité de loin très inférieures, la différence essentielle de cette fortification de campagne par rapport aux ouvrages CORF réside dans le fait que leur armement est celui des troupes d'intervalle ou de passage et non l'armement spécifique de forteresse des réalisations CORF, à l'exception toutefois d'un certain nombre de canons de 47 et de 65 de marine sur affût fixe.

La forêt de Haguenau

carte de situation

Situation de la Forêt de Haguenau dans le nord de l'Alsace

 

C'est une vaste zone boisée qui s'étend à une trentaine de kilomètres au nord de Strasbourg entre les Basses Vosges et le Rhin. Elle forme une véritable limite entre Alsace centrale et Alsace du nord au point que cette dernière région est généralement nommée l'Outre-Forêt. Cette immense forêt occupe une superficie de près de 14 000 hectares et s'étend sur plus de 30 km d'ouest en est et 5 à 10 km du nord au sud. Elle existait déjà telle quelle à l'époque gallo-romaine et n'a guère changé au cours des siècles.

Plusieurs grands axes nord-sud et est-ouest la traversent mais elle est surtout sillonnée par tout un lacis de voies secondaires et de routes forestières qui la découpent en de multiples parcelles. Si l'essentiel est propriété de la Ville de Haguenau, un certain nombre d'annexes périphériques appartiennent aux communes proches telles que Betschdorf, Rittershoffen, Soufflenheim, etc.

La ligne de résistance principale de la Ligne Maginot proprement dite avec ses ouvrages CORF traverse du nord au sud la corne nord-est de la forêt entre les communes de Hatten et de Leutenheim. Six petites casemates et cinq gros abris d'intervalle #5Les casemates 1 à 6 du Bois de Rittershoffen et les abris de la Sauer, de Koenigsbruck, de la Donau, du Heidenbuckel et de Soufflenheim. y ont été coulés en 1931 et 1932 et quelques déboisements sélectifs ont permis de réaliser des champs de tir en créant dans la forêt des tranchées bien dégagées battues par les armes des casemates.

Les points d'appui

Essentiellement concentrés dans le triangle Betschdorf-Koenigsbruck-Soufflenheim, c'est-à-dire immédiatement en arrière de la ligne CORF, les points d'appui sont au nombre d'une trentaine au point de pouvoir contrôler toutes les voies de passage de la forêt. On peut donc penser que leur mission était à la fois de s'opposer à une menace d'infiltration ennemie et de renforcer la ligne CORF en cas de tentative de percée de celle-ci.

Neuf points d'appui défendent les lisières nord de la forêt de Haguenau, 16 les principaux carrefours au coeur de la forêt, et 5 les lisières sud-est. Ce sont #6Numérotation arbitraire, en gros d'ouest en est et du nord au sud, correspondant à la numérotation de la carte jointe. :

        Cliquez sur les numéros pour avoir la description du Point d’Appui.

Lisières nord

  1       PA du Gruendel
  3       PA de Biblisheim
  4       PA de la Station de Surbourg
  5       PA du Moulin de Schwabwiller
  7       PA de Steinmuhl
  9       PA de Betschdorf
10       PA du Moulin de Sandmuhl
15       PA du Fuchszipfel
16       PA de la Maison forestière de Rittershoffen.

Intérieur de la forêt :

  2       PA de la Maison forestière de Walbourg
  6       PA du carrefour du Schelmenhofstatt
  8       PA du carrefour Parade
11       PA de Sandmuhl Sud
12       PA de la Chênaie (maison forestière de Wolfswinkel)
13       PA du carrefour du Rendez-vous de Chasse
14       PA de l'allée Deielslach
17       PA du Schonung
18       PA de l'Abri de la Sauer
19       PA de l'Abri de Koenigsbruck
20       PA du Mittelweg (carrefour 134)
21       PA du Klostergraben (carrefour 133)
23       PA du carrefour Perreaud
24       PA nord des Hattener Stangen
25       PA est des Hattener Stangen (au nord du carrefour Huffel)
26       PA de la Maison forestière de l'Eberbach.

Lisières sud-est

22       PA du cimetière de Soufflenheim
27       PA du Schirrheinerweg
28       PA de Schirrhoffen
29       PA du bois de Rountzenheim
30       PA nord du  bois de Soufflenheim (carrefour 121, entre Schirrhoffen et Sessenheim).

Types d'ouvrages

Les principaux types d'ouvrages qui constituent ces points appui sont essentiellement de trois ordres :

  • des plates-formes bétonnées (dites aussi épaulements) pour FM ou mitrailleuse,
  • des coupoles bétonnées dites " tourelles type Forêt de Haguenau ", pour une ou deux mitrailleuses,
  • des abris ou blockhaus pour mitrailleuse, canon antichar de 25, éventuellement de 47.

Rarement ou faiblement bétonnés, ces derniers types de blockhaus sont plus généralement construits en briques et béton. Quelques plates-formes bétonnées pour canon antichar sont également signalées.

Les plates-formes pour FM (dites aussi épaulements), très nombreuses, sont de curieuses petites réalisations que l'on retrouve rarement ailleurs. Il s'agit d'une simple petite fosse bétonnée dotée d'un côté d'un accès avec quelques marches, de l'autre d'une plate-forme ou banquette de tir sur laquelle était mis en batterie le FM ou la mitrailleuse. Ce type de construction s'apparente donc à un nid d'arme automatique. Plus de 70 exemplaires ont été recensés.

Les plus intéressantes des constructions du secteur sont les " tourelles type Forêt de Haguenau " qui semblent répondre, sinon à un plan-type, au moins à des normes précises mais avec des adaptations locales en fonction de leur mission. Ce sont de petits blockhaus à faible protection (dalle et murs de 0,50 m) mais généralement bien intégrés dans le paysage, presque totalement enterrés et donc peu visibles. Plus de 35 ouvrages de ce type ont été reconnus.

Ils possèdent une porte blindée légère, des créneaux FM de défense rapprochée, un petit local abri ou de repos, des emplacements pour des lampes à bougie, des orifices de ventilation et une, deux ou trois chambres de tir cylindriques d'un diamètre intérieur variable de 1,40 à 1,60 m.

Les créneaux principaux sont équipés d'un support de mitrailleuse d'un modèle sommaire et de volets blindés cintrés et coulissants. Enfin à chaque créneau correspond à l'extérieur une fosse à douilles.

Ces "tourelles" peuvent donc être simples, doubles ou triples et même posséder un créneau observatoire ou FM frontal. 

ouvrages

FH1

 Bien intégrées dans l'environnement forestier, en grande partie enterrées dans un massif de remblai, faciles à camoufler, les petits ouvrages dits " tourelles type forêt de Haguenau " constituent, avec les plates-formes FM, l'organe défensif le plus caractérisé des points d'appui réalisés dans ce secteur. Au moins 35 exemplaires y ont été construits, essentiellement en 1936 et 1937 (PM).

FH2

Gros plan sur la coupole et partie active du même ouvrage (PM).

FH5a

Plate-forme de FM en vue plongeante. Au premier plan, la descente d'accès. Au second plan, la banquette de tir (PM).

FH5b

Autre plate-forme de FM en vue plongeante. L'accès est ici à droite, la banquette de tir à gauche (AB).

FH6

Si les normes intérieures de ces " tourelles " sont à peu près les mêmes partout dans le secteur, les formes extérieures peuvent quelque peu varier d'un ouvrage à l'autre (AB).

FH9

  Entrée abritée en tranchée bétonnée dans le massif d'une " tourelle type forêt de Haguenau " (AB).

FH10

Partie avancée et active d'une " tourelle " avec son embrasure équipée de volets blindés et, au premier plan, la fosse à douilles (AB).

FH12

  Située en lisière de forêt, cette coupole apparaît un peu plus proéminente que d'autres. Des adaptations locales au terrain se rencontrent fréquemment (AB).

FH13

Certaines " tourelles " ont conservé pendant longtemps ce type d'affût de mitrailleuse, généralement la Hotchkiss Mle 1914 de 8 mm. Remarquer aussi le volet blindé coulissant qui épouse la forme cylindrique de la chambre de tir (AB).

FH15

L'un des rares abris pour canon de 25 ou de 47 antichar entièrement en béton (AB).

D'un point d'appui à l'autre

Parcourons d'ouest en est et du nord au sud la forêt de Haguenau et ses multiples petites positions fortifiées (des travaux routiers ont pu faire disparaître certains ouvrages, d'autres n'ont pas été retrouvés) : (Cliquez sur les numéros pour voir les Point d’Appui sur la carte)

1       P.A. du Gruendel (à 2 km au SO de Walbourg) : en bordure de la route du Grundel, existe un P.A. (le plus occidental connu) comportant un bloc antichar en briques et béton (axe de tir plein est) et un bloc mit. de même construction, axé N et E.

2        P.A. de la Maison Forestière de Walbourg (à 2 km à l'E du village de Walbourg) : ce P.A. n'a pas été reconnu jusqu'ici mais aurait été constitué de 5 plates-formes pour FM ou mitrailleuse et deux emplacements (?) de canons de 25.

3        P.A. de Biblisheim (en lisière, immédiatement au NE du village) : ne possède qu'une seule coupole bétonnée simple et un emplacement sommaire de mitrailleuse. Mission : défense de l'accès nord au village et à la forêt. Année de construction 1937. Numéro français de l'ouvrage : 471.

4        P.A. de la Station de Surbourg (à 600 m de la sortie sud du village, en bordure de la D 264) : possède une coupole bétonnée simple et un blockhaus pour canon de 25. Mission : interdiction de l'axe Wissembourg-Haguenau. Année de construction : 1937. Numéros français des ouvrages : 467 et 468.

5        P.A. du Moulin de Schwabwiller (à 800 m au sud du village) : constitué de deux coupoles bétonnées et d'une plate-forme pour FM. Mission : interdiction de la voie d'accès à la forêt depuis Schwabwiller. Année de construction : 1936. N° français : 274.

6        P.A. du Schelmenhofstatt (à 2 km au SE de Schwabwiller) : P.A. de l'intérieur de la forêt avec trois plates-formes de FM. Mission : contrôle d'un carrefour de deux voies N-S et E-O. Construit en 1936. N° français : 275.

7        P.A. de Steinmuhl (à 800 m au sud de Betschdorf, cote 143) : cinq emplacements composent ce PA, deux coupoles bétonnées et trois plates-formes de FM. Mission : défense de l'accès à la forêt par Betschdorf ouest. Année de construction : 1936. N° français : 273.

8        P.A. du Carrefour Parade (à 2,5 km au sud de Betschdorf) : ne comporte que des plates-formes de FM, quatre au total. Mission : contrôle du carrefour sur deux axes N-S et E-O. Année de construction : 1936. N° français : 276.

9       P.A. de Betschdorf (à la sortie sud de Betschdorf est) : possède au total 6 emplacements, un abri ouvert pour canon de 25, deux coupoles bétonnées et trois plates-formes de FM. Mission : interdiction de l'accès à la forêt par la route Betschdorf-Soufflenheim. Année de construction : 1936. N° français : 270.

FH7

Vue d'ensemble d'un blockhaus à coupole bétonnée simple (point d'appui de Betschdorf) (PM).

10     P.A. du Moulin de Sandmuhl (à 1 km au sud du précédent PA) : ne possède qu'un seul ouvrage, une coupole bétonnée. Mission : défense de l'accès à la forêt par le terrain découvert à l'ouest de la D 344. Année de construction : 1937. N° français : 472.

11     P.A. de Sandmuhl Sud (à 2,5 km au SE de Betschdorf, 1,1 km au SE du moulin de Sandmuhl) : blockhaus à trois créneaux frontaux pour FM. Mission : interdiction de l'axe N-S Betschdorf-Soufflenheim. Construit en 1937. N° français : 473.

FH14

Un bloc d'un type probablement unique dans le secteur, avec ses à trois créneaux FM du type CORF (plus un pour la défense rapprochée), contrôlait l'axe Betschdorf-Soufflenheim au point d'appui de Sandmuhl-Sud (PM).

12     P.A. de la Chênaie (autour de la maison forestière de Wolfswinkel) : important PA constitué d'une coupole bétonnée et de 7 plates-formes FM. Mission : interdiction de l'axe N-S Betschdorf/Soufflenheim. Année de construction : 1936. N° français : 278.

13     P.A. du Carrefour Rendez-vous de Chasse (à 5 km au SE de Betschdorf, à 1,3 km au sud du précédent PA, cote 136) : consiste en deux coupoles bétonnées et trois plates-formes de FM. Mission : interdiction du carrefour sur les axes N-S et E-O entre Betschdorf, Soufflenheim et Schirrhein. Année de construction : 1936. N° français : 284. N° allemand : 168.

14     P.A. de l'Allée de Deielslach (1,7 km à l'est du PA précédent, 2,5 km au nord de Soufflenheim) : comporte deux coupoles bétonnées et une plate-forme FM. Mission : contrôle d'un carrefour sur deux voies N-S et E-O. Construction en 1936. N° français : 283.

15     P.A. du Fuchszipfel (à 2 km au SE de la sortie sud de Betschdorf) : groupement plus important de petits ouvrages, en l'occurence trois coupoles bétonnées et deux plates-formes pour FM. Mission : interdiction de l'accès à la forêt par le " doigt de gant " de l'Eschengraben et de la route forestière Betschdorf/Koenigsbruck. Année de construction : 1936. N° français : 271.

16     P.A. de la Maison forestière de Rittershoffen (à 1 km au sud de Rittershoffen) : important point d'appui constitué d'une dizaine d'emplacements, deux coupoles bétonnées, 7 plates-formes de FM et un emplacement non défini. Mission : interdiction de l'accès à la forêt par les lisières proches et l'axe forestier Rittershoffen/Koenigsbruck. Année de construction : 1936. N° français : 270.

17     P.A. du Schonung (sur l'axe Betschdorf/Koenigsbruck, à 4,5 km au sud de Rittershoffen) : constitué de deux coupoles bétonnées et d'une plate-forme FM. Mission : contrôle de la voie forestière Koenigsbruck-Betschdorf. Année de construction : 1936. N° français : 277. N° allemand : 175.

18     P.A. de l'Abri de la Sauer (sur l'axe Betschdorf/Koenigsbruck, à 2,3 km au NO de Koenigsbruck) : situé à proximité de l'abri CORF de la Sauer, il ne comporte qu'une coupole bétonnée et trois plates-formes FM. Mission : s'opposer à une infiltration de l'est par la voie forestière Koenigsbruck/Betschdorf. Année de construction : 1936. N° français : 279. N° allemand : 172.

19     P.A. de l'Abri de Koenigsbruck (à 1,5 km à l'ouest de Koenigsbruck) : situé aux alentours de l'abri CORF de Koenigsbruck, il n'est constitué que de plates-formes de FM, 7 au total, presque toutes disposées en bordure du thalweg de la Sauer qu'elles interdisaient. Trois d'entre elles toutefois défendaient l'allée E-O dite de Haslach et ses voies perpendiculaires. Construction en 1936. N° français : 280.

FH4

Plate-forme de FM déchaussée (point d'appui de l'abri de Koenigsbruck). Normalement l'emplacement est totalement enterré et remblayé jusqu'au niveau supérieur du béton. Avec les " tourelles type forêt de Haguenau ", ce type d'emplacement est celui que l'on rencontre le plus fréquemment dans le secteur. Plus de 70 exemplaires y ont été réalisés (PM).

20     P.A. du Mittelweg (à 1 km au SO de Koenigsbruck, sur la D 37) : il est constitué de deux coupoles en béton et deux plates-formes FM. Mission : interdiction de l'axe routier Koenigsbruck-Soufflenheim. Construction : 1936. N° français : 281.

21     P.A. du Klostergraben (sur la D 37, à mi-chemin entre Koenigsbruck et Soufflenheim) : important PA situé de part et d'autre du ruisseau du même nom, il ne comporte pas moins de huit "ouvrages" : trois coupoles en béton et 5 plates-formes FM. Mission : interdiction de l'axe routier Koenigsbruck-Soufflenheim et des voies perpendiculaires E-O. Construction : 1936. N° français : 282.

22    P.A. du Cimetière de Soufflenheim (à la sortie NE de Soufflenheim, à 200 m du cimetière) : il comporterait une dizaine d'emplacements mais trois seulement sont connus à ce jour, deux coupoles bétonnées et une plate-forme FM. Missions : interdiction de la D 37, des voies forestières venant de l'est et du terrain découvert à l'est de Soufflenheim. L'abri CORF de Soufflenheim est situé 600 m plus à l'est. Construction : 1936. N° français : 286.

FH8

Emergeant à peine dans un talus, cette coupole en béton peut en outre être facilement camouflée à l'aide de filets (point d'appui du cimetière de Soufflenheim) (AB).

23     P.A. du Carrefour Perreaud (à mi-chemin entre Soufflenheim et Haguenau, à 600 m au sud de la maison forestière du Gros Chêne) : PA constitué de deux blockhaus pour canon de 25 réalisés en briques et béton, donc vraisemblablement en 1939-40. Mission : interdiction du croisement de deux axes N-S et E-O.

FH16

On peut aussi reconnaître sur quelques points d'appui ce type d'abri pour canon antichar de 25, un bloc construit économiquement en briques et partiellement en béton (point d'appui Est des Hattener Stangen) (AB).

FH17

Le même type d'abri pour canon de 25 vu ici du côté de son entrée arrière, prévue pour être normalement fermée par un empilement de rails une fois le canon en place (point d'appui du carrefour Perreaud) (AB).

FH18

Le même type de blockhaus en briques et béton pour canon antichar de 25 vu du côté embrasure (point d'appui du carrefour Perreaud (RA).

24     P.A. nord des Hattener Stangen : à mi-chemin entre les PA 23 et 25 subsiste aussi une petite position constituée d'un blockhaus pour mitrailleuse en briques et béton, axes de tir N, E et O, ainsi que, 60 m à l'E, une construction qui pourrait être un poste de garde.

25     P.A. est des Hattener Stangen (à 5 km à l'ouest de Soufflenheim, 500 m au nord du carrefour Huffel sur la D 1063) : également constitué de deux blocs en briques et béton pour canon de 25. Mission : interdiction des voies N-S et E-O. Construction : probablement en 1939‑40.

26     P.A. de la Maison forestière de l'Eberbach (sur la D 1063, à 3 km à l'ouest de Soufflenheim) : composé d'un emplacement ouvert pour canon antichar et de trois plates-formes FM. Mission : interdiction de l'axe routier Soufflenheim-Haguenau et des voies adjacentes. Construction : 1936. N° français : 285.

27     P.A. du Schirrheinerweg (à env. 2 km au SO de Soufflenheim, en bordure de la D 37) : point d'appui mal connu mais qui aurait été constitué d'une coupole en béton et de 5 plates-formes FM. Au SE de l'emplacement présumé de ce PA, de part et d'autre de la voie ferrée Haguenau-Lauterbourg, ont été coulées en 1939-40 deux casemates STG restées inachevées. Construction du PA : 1936. N° français : 287. N° allemand : 125.

28     P.A. de Schirrhoffen (à 500 m à l'est de Schirrhoffen, à quelques mètres au sud de la voie ferrée) : un ouvrage à trois coupoles bétonnées (deux pour mitrailleuse et un observatoire central et frontal) est tout ce qu'il semble subsister de ce PA qui avait en outre 4 plates-formes pour FM. Mission : interdiction du terrain découvert entre la D 137 et Schirrhoffen. Construction : 1936. N° français : 289.

FH11

Ouvrage à triple coupole avec, au premier plan, l'embrasure mitrailleuse de gauche, et au second plan, l'un des créneaux du poste d'observation. L'embrasure de droite n'est pas visible sur cette photo (point d'appui de Schirrhoffen nord) (AB).

29     P.A. du Bois de Rountzenheim (à 1 km au sud du village de ce nom) : non reconnu, serait constitué de deux coupoles pour mitrailleuse et d'une plate-forme FM. Construction : 1936. N° français : 288. N° allemand : 138 (?).       

30     P.A. nord du Bois de Soufflenheim (au croisement des D 137 et 138) : le seul ouvrage connu de ce PA est un blockhaus à double coupole bétonnée pour mitrailleuses construit dans l'angle NO des deux routes. Ses multiples créneaux mit. et FM pouvaient battre le carrefour dans toutes les directions.

FH3

Autre gros plan sur la coupole en béton d'une " tourelle type forêt de Haguenau " et son embrasure. L'angle de tir du créneau est souvent supérieur à 110° (point d'appui nord du Bois de Soufflenheim) (AB).

En outre, en dépit de toutes nos recherches tant sur le terrain que dans les archives, il n'est pas du tout impossible que quelques autres petites positions aient échappé à nos investigations et subsistent ça et là au coeur de cet immense territoire.

 Cliquez sur les numéros pour avoir la description du Point d’Appui.

Les Points d'Appui de la Forêt d'Hagueneau

 

VOIR AUSSI LA CARTE Géoréférencée
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Juin 1940

 À l'approche du terme de la malheureuse campagne de France de 1939-1940, le Secteur fortifié de Haguenau constitue, des Vosges du Nord au Rhin et au sein d'un gigantesque désastre militaire, un véritable îlot de résistance. Sur une trentaine de kilomètres de long pour une largeur allant jusqu'à 5 km subsiste un territoire où flotte encore le drapeau tricolore. Il est vrai que toute la moitié nord de ce secteur reste battu par les feux d'artillerie des trois grands ouvrages du SFH, Four à Chaux, Hochwald et Schoenenbourg, territoire que l'ennemi hésite à investir sans s'exposer à de sérieuses pertes, voire à un échec comme ce sera le cas à Aschbach-Oberroedern.

La partie sud de ce couloir comprend tout l'est de la forêt de Haguenau depuis Hatten jusqu'à Soufflenheim. Hélas entre le 15 mai et le 15 juin, le SFH se vide de ses troupes appelées sur d'autres théâtres d'opérations ou incluses dans le vaste mouvement de repli des armées de l'Est sur le massif vosgien. Ne restent sur la position que les équipages des ouvrages et des casemates et un mince rideau de troupes dans les intervalles et les arrières.

La forêt de Haguenau et ses points d'appui sont tenus par des éléments des 68e et 70e RIF. Le premier tient normalement le sous-secteur de Sessenheim (de Leutenheim au Rhin), le second celui de Herrlisheim (de Drusenheim à La Wantzenau aux portes de Strasbourg) mais, en raison de la poussée allemande après le 16 juin, il a été replié sur la forêt de Haguenau. En fait il n'en reste que deux compagnies mais auxquelles s'ajouteront des éléments du 81e BCP. Quant au sous-secteur de Soufflenheim (de Hatten à Leutenheim) il est tenu par ce qu'il reste du 23e RIF qui occupe également les casemates CORF.

Jusqu'à l'armistice et sous une vive pression allemande, ces unités vont s'accrocher énergiquement au secteur qu'elles doivent défendre sur ordre du Lt-col. Schwartz, commandant du SFH. La forêt d'Aschbruch et tout le secteur compris entre Betschdorf, Schirrhoffen, Soufflenheim et Seltz va être le théâtre de nombreux affrontements entre les PA et des groupes d'assaut allemands. Jusqu'à l'heure de l'armistice, le secteur restera aux mains des troupes françaises.

À ce moment-là, dans toute la partie est de la forêt de Haguenau et une bonne partie de la plaine du Rhin, en gros le triangle Hatten-Sessenheim-Seltz de 12 km de côté incluant Soufflenheim, la combativité des unités françaises aura permis de contenir la pression ennemie.   

À défaut de pouvoir évoquer ici dans le détail ces combats, on ne peut que recommander la lecture de " Ceux du béton " de Pierre Maine-Lombard et du très documenté Annuaire 1991 de la Société d'Histoire du Ried Nord.

Aujourd'hui

La plupart des petits ouvrages et constructions constituant à l'époque l'ossature des PA de la forêt de Haguenau subsistent de nos jours, à l'exception peut-être d'une partie des plates-formes FM. En raison de leurs modestes dimensions, ces petites réalisations bétonnées peuvent être assez facilement remblayées ou détruites. Les " tourelles de la forêt de Haguenau " existent toujours en grande majorité et possèdent parfois encore porte, volets blindés de créneau et même support de mitrailleuse. Une végétation envahissante posera parfois quelques problèmes de localisation, au point que les séances de repérage auront toujours plus de succès de novembre à mars-avril.

Ce type de fortification de campagne " en dur " et forestière se retrouve plus au sud en Alsace. La vaste forêt de la Hardt, à l'est de Mulhouse, présentait le même risque d'infiltration en arrière de la ligne CORF, en outre assez ténue dans ce secteur. On y retrouve donc la même organisation en points d'appui, une quarantaine au total, constitués essentiellement de coupoles en béton type 7e Région, l'équivalent de la " tourelle de Haguenau ". Peut-être en parlerons-nous ici un jour.

 

Photos de Roger Azambre (RA), Andreas Boy (AB), Peter Mühlschlegel (PM).

(fin).

Sources et documentation

  • Archives de la DTG de Strasbourg.
  • 20e Région, Chefferie du Génie de Strasbourg – SF du Bas-Rhin. Répertoire des blockhaus,   observatoires, abris et obstacles construits par les Régions. Chef de bat. Simon, 29 mars 1938.
  • S.F.H. – Travaux d'organisations défensives des frontières. Répertoire des ouvrages. Génie du SF Haguenau, 1939-1940.
  • Recherches, documentation et photographies de Peter Mühlschlegel.
  • Recherches sur le terrain et photographies d'Andreas Boy.
  • Recherches sur le terrain de Robert Haag et de l'auteur.
  • Un exemple de fortification M.O.M. en Région fortifiée. S.F. de Haguenau (Bas-Rhin). Note inédite du Lt-col. G. Collin.
  • P. Maine-Lombard – Ceux du béton. Louvois, 1957.
  • 1939-40 - Combats sur la ligne Maginot. Annuaire 1991 de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Ried Nord.
  • De l'auteur – La Ligne Maginot en Alsace - 200 km de béton et d'acier. Ed. du Rhin, 1987.
  • Id.  – 200 km de béton et d'acier – La Ligne Maginot en Alsace. Ed. Gérard Klopp, 2013.

 

Remerciements à Roger Azambre (†), Andreas Boy, Robert Haag, Frédéric Lisch et Peter Mühlschlegel pour leurs précieuses contributions.

 

Abréviations

BCP bataillon de chasseurs à pied.
CORF Commission d'Organisation des Régions fortifiées (organe ayant réalisé la Ligne Maginot).
DTG Direction des travaux du génie.
MOM main d'oeuvre militaire.
PA point d'appui.
RIF régiment d'infanterie de forteresse.
SFH Secteur fortifié de Haguenau.